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Navigare Necesse Est

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Version 2.0 !


Ainsi on plie et on déplie

Publié par La Chouette sur 11 Octobre 2016, 21:37pm

Catégories : #Ecrits

Voici le troisième texte écrit lors de l'atelier d'écriture. Ayant eu des examens pour les cours toute la matinée, j'étais un peu fatiguée, et il a été difficile d'aboutir à quelque chose. Je m'en excuse d'avance.

Ainsi on plie les nuages et on en fait des fleurs de coton.

Ainsi on déplie les fleurs de coton sur le sable et on en fait l’écume des vagues

C’est une histoire de ciel, de mer et de temps

 

L’orage s’annonçait tout là-haut, les dieux anciens se déchaîneraient bientôt, provoquant la fureur de la mer, noircissant de suie les nuages de coton blanc. Avec un peu de chance, la pluie arroserait la terre, et les arbres porteraient des fruits à la saison prochaine. Irène déploya ses ailes et survola les flots qui commençaient à s’agiter. Elle sentait d’air iodé emplir ses poumons et le vent caresser délicatement ses plumes. Qui n’a jamais rêvé voler ? Pas elle en tout cas. Elle avait eu le vertige dès la première fois où elle avait sauté de la falaise pour sentir les bourrasques gonfler ses ailes et se laisser porter par le vent. On ne devient pas ange en claquant des doigts, se rappela-t-elle en survolant la terre verdoyante et boisée. Il faut plier devant l’impossible, quand on n’a pas le choix, et se laisser porter. Irène l’avait bien compris, le jour où une tempête l’avait faite dégringoler de la falaise. La mer rugissait en contrebas, recouvrant les rochers acérés de la crique. Elle marchait trop près du bord, comme d’habitude, son sari coloré trempé de l’averse, grignotant un morceau de fromage tombé d’un placard. Irène avait senti le sol se dérober sous ses pieds, puis le vide, la peur, les larmes…mais elle n’avait jamais atteint la surface houleuse de l’eau grise de tempête. Au contraire, elle s’était sentie portée par le vent, son vêtement de tissu imprimé flottant autour d’elle, comme un halo vert et or, au cœur de la colère céleste. De la plage, on aurait cru à une apparition divine, une telle métamorphose est impossible, les ailes ne poussent pas. Irène sourit en s’asseyant sur un nuage noir, prenant garde à ne pas le faire éclater en milles et une gouttelettes de pluie glacée. Au loin, elle aperçut d’autres angelots tirer derrière eux de gros nimbus chargés de mousson. D’autres enfants, happés par la tempête un jour ou l’autre, lorsqu’une barque ou un bateau avait agrippé les crocs acérés des rochers de la crique en une éternelle embrassée. Mais ils rendaient aux services aux dieux des hommes et, grâce à eux, la saison des pluies en Inde allait bientôt pouvoir commencer. Alors Irène et les angelots, avec leurs ailes d’un blanc nacré, un sourire aux lèvres, regroupèrent les nuages au-dessus de l’Asie, et regardèrent les paysans s’affairer, lorsqu’un coup de tonnerre ébranla mes nuages ; et sous les vivas des enfants vêtus d’habits colorés, dans la plaine du Gange la pluie se mit à tomber.

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